Samedi 19 juillet

Nous partons de Wicklow vers midi, avec le courant, après avoir pris le temps de traîner au café du port et fait le plein d’eau au club de voile. Les conditions sont belles, meilleures qu’à notre dernier trajet. La mer est plate, l’Irlande nous protège de la houle de l’Atlantique ; on slalome moins entre les cargos mais plus entre les bandes de guillemot de Troïl et les pingouins Torda qui plongent toujours à notre passage et nous sifflent une fois qu’ils sont hors d’atteinte d’un coup de quille.
Antoine reste fidèle à son hyperactivité et coud une housse pour protéger les plaques en plexi du capot, moi je découvre comme épeler “hypoactive”. Enfin non, j’ai découvert que je pouvais me servir du logiciel de navigation qtVlm (logiciel gratuit !) pour réaliser un suivi ornithologique. Et pour la première fois, on croise des macareux !



Dimanche 20 juillet
Le quart de minuit.
Au final, la traversée du rail, les approches de DST et les cargos plein l’AIS, c’était chouette et prévisible. Maintenant que nous sommes en mer d’Irlande, notre pain quotidien c’est plutôt les pêcheurs, leur direction moins prévisible que les énormes tankers, leur AIS éteint, et les lumières aveuglantes à l’arrière… On leur souhaite d’avoir plus de succès que nous avec notre ligne de traîne qui est dans une phase plus algues que maquereau.
A force de fixer les feux d’un chalutier, je finis par l’imaginer nous fonçant droit dessus : je réveille Antoine. Un goéland désorienté se pose d’abord sur le pont, nous offre un cadeau, puis s’invite dans le cockpit : je réveille Antoine. Moi je dors bien quand il est de quart mais son sommeil est victime de mon incompétence.
Du monde, beaucoup de monde sur l’eau, au moins la tension maintient éveillé(e).
Il fait encore bon, on peut sortir dehors sans veste de quart, même la nuit.
Le matin, on découvre une petite surprise dans la salle de bain : de l’eau qui sort des fonds du bateau.
Instant Cluedo, d’où vient l’eau ? Est-ce les vannes des toilettes ? La pompe à eau de mer des toilettes ? De l’urine ? La couleur est là mais pas l’odeur.
Réponse rapide : elle vient de la pointe avant qui ne s’est toujours pas remise des défauts d’étanchéité du hublot… Etanchéité que nous avons refait (surtout Antoine) à grand coup de sikaflex aux Scillys.
On refait un test étanchéité sur le hublot : balancer des gros sceaux d’eau de mer sur tout le joint. Rien ne rentre, mais le vaigrage suinte encore. On vide nos affaires pour que ça sèche un peu, la vie de bateau…

Lundi 21 juillet

Le thème de la journée c’est moteur et pétole. Le vent devait tourner dimanche Nord, Nord-Ouest, au lieu de ça il tourne et tombe à plat. On fait tellement de moteur qu’on recharge tous les appareils électriques à bord, et même ceux du voisin : la batterie de la frontale, la batterie portative, l’enceinte Bluetooth, les deux téléphones, la tablette de navigation, sans compter bien sûr les batteries du bateau…
Malgré les carences en vent, nous arrivons dans l’après-midi à Port Ellen, unique et principal (totologie?) port de l’île d’Islay, réputée pour sa dizaine de distilleries notamment.
L’approche est tranquille, et bien sûr qu’on croise un phoque !
Le ponton visiteurs est plein de voiliers, quelques cousins bretons dont un qui nous alpague aussitôt notre drapeau hissé.
Le thème des prochains jours : vider la pointe avant (du matériel de highline, de la corde d’escalade, des soutes à voile, des bouts en stock, des matelas, des affaires mouillées) et mettre le chauffage électrique à travailler dans tous les recoins.


