Port actuel : Trondheim (Skansen)

Suivez nos navigations de Brest jusqu'à Trondheim avec Aléla, First 30 presque quinquagénaire :)

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De Ouessant vers les Scillys

Jeudi 10 juillet 2025

Départ de la baie de Lampaul, Ouessant, après avoir accompli la mission sacrée : se ravitailler en miel de printemps, produit par l’abeille noire presque décimée par le varoa il y a quelques… années ? Bref, après un détour par Keranchas et l’achat de miel de contrebande, nous voilà prêts à partir. Nous avons de l’eau et du gazole (payé au prix dont la modicité fera sourire de 1,99€ le litre), du WD40 et trois paquets de chips (aïoli, fromage du Jura et un nature).

Départ matinal (à peine). 8h10 on quitte la bouée avec élégance, à la voile pour partir vers l’Ouest. Le vent souffle Est Nord Est. Le jeu c’est d’éviter la DST de Ouessant, le Dispositif de Séparation de Trafic qui permet de réguler le… trafic des navires commerciaux. On est au ciseau, le vent dans le dos, à rouler doucement à 10 nœuds de vent. Il faut parfois mettre des coups de moteur pour éviter de sentir de trop près l’odeur de la cigarette du commandant du cargo voisin.

Alélà avance doucement mais sûrement, plutôt contre le courant, à une vitesse fond de 3 nœuds. Le courant de la Manche nous déporte de presque 30 degrés et nous ralentit sensiblement, ce qui nous donne l’opportunité d’arriver à la bonne vitesse vers 10h pour traverser doucement un banc de puffins Anglais (reconnaissable à leur ventre blanc et leurs ailes noires, en plus de leur petite taille,… on s’improvise ornithologue aisément en l’absence d’experts). Les puffins sont accompagnés de leurs surveillants de baignade, des fous de Bassan adultes qui encadrent le banc.

Ce voyage devient une expédition Natural Geography. Les oiseaux s’écartent sans se presser et une bande organisée de dauphins vient jouer avec le régulateur d’allure (dont Antoine est si fier, mais oui, c’est vrai qu’il marche bien). Ils reviendront nous rendre visite si souvent, les dauphins, qu’on aura presque la flemme de tourner la tête pour les regarder.

Magnifique colonie d’antennes champignons dans leur milieu naturel : GPS, AIS VHF, et GPS de l’AIS. Celle de la VHF est en haut du mât…

Vendredi 11 juillet 2025

Notre VHF justement a l’antenne si puissante qu’on entend tous les potins de Manche et d’Atlantique, des détresses au cap de la Chèvre, l’homme tombé de son annexe, des kayakistes perdus puis retrouvés, une femme qui appuie par inadvertance sur le bouton « détresse » de sa VHF ASN, le pêcheur d’Artemis à l’hélice coincée dans la zone de Pierres Noires, le bateau Athena (AVURNAV n°…?) qui jette des cailloux non pas pour le plaisir, mais pour poser les bases d’un câble sous-marin.

Ah, je crois que c’est moi qui ait appuyé… euh par inadvertance… sur le bouton détresse

Femme anonyme, située entre le mont saint-michel et la pointe de penmarc’h

Et les Espagnols… nous régalent de par leur usage approprié du canal 16 pour leurs communications interpersonnelles. Ils se font couper par les gardiens du règlement qui entrecoupent leurs histoires de « Don’t talk on channel 16 ! ».

A mon début de quart, on évite deux tankers, je termine à 1h pour passer la main à Antoine et à son hyperactivité, je lui ai mentionné que la batterie tombait à 12.25V alors il réalise un bilan des consommations par équipement (le raspberry, l’écran LED, les feux de navigation, la lampe du compas, la VHF, le GPS, le sondeur, l’anémo, l’AIS…)

On est passé au près serré, le courant cette fois-ci nous porte. Vers 3h30 une station diffuse du rock. On entend les agents de régulation du trafic appeler les navires pour leur demander gentiment d’éviter les voiliers, quelle chouette idée. Le « bonne fin de quart ! » s’est transformé en « good watch ! ».

Arriver à Sainte-Mary

Le lendemain, on se rend compte que le courant en s’inversant avec la marée nous a remis sur le droit chemin. Inutile de lutter sa déviation donc, tout vient à point à qui sait attendre. Le seul problème, c’est qu’à cette vitesse exubérante de 4 nœuds, notre mitraillette n’arrive à arrimer aucun maquereau…

On passe au vent de travers, le vent passe Est Sud Est dans la matinée, la mer est belle, peu agitée. C’est le moment de cuisiner le Bloc Marine sur l’arrivée à Sainte Mary, de calculer les horaires d’arrivée pour savoir à quelle sauce le bateau va être mangé, de terminer son chapitre de Terry Pratchett (la cité d’Ankh Morkpork va-t-elle rentrer en guerre avec le Klatsch??)

On est en avance par rapport à nos prévisions, qui tablaient sur une vitesse comprise entre 2 et 3 nœuds. On performe fort à 3,2 nœuds malgré le vent faible !

L’arrivée aux Scillys est incroyable. Les cailloux sont si beau (on dirait Peak District!) qu’on aimerait bien les voir de plus près, mais il faut à nouveau faire attention au sondeur. A l’entrée du port principal, on croise un énorme phoque qui sort sa tête ahuri pour nous accueillir. On se demande toujours si c’est un agent des douanes chargé de contrôler les bateaux de passage et la bonne tenue des mouillages.

On mouille l’ancre à Hugh Town, sur l’île principale ; les Anglais passent pleine balle dans le mouillage, au moteur, sans avoir la courtoisie de ralentir… parce qu’il y a une course de rameurs ! Cinq minutes de foule et quelques klaxons. Il y a des voisins avec un First 30 et un drapeau breton qui nous font coucou, alors on hisse un drapeau breton plus grand que le leur et on fait coucou aussi.

Niveau douanes : on a fait notre ETA mais ils sont en week-end, alors on risque pas de les croiser…

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