Port actuel : Trondheim (Skansen)

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Lerwick : ponçage, patience, poneys ?

Arrivés à Lerwick le 2 août, sur le moment on ne se doute pas qu’on va y rester presque une semaine, coincés au ponton du quai Victoria, à attendre que le train des dépressions passe sur nous et nous offre une mer et un vent favorables pour traverser jusqu’à la Norvège.

On accoste en même temps que les passagers d’un énorme paquebot de croisière (Costaghana croisière?), débarqués puis rembarqués à la journée.

Nos voisins anglais, Nick et Catherine, ont un bateau de taille similaire, un Albin Vega 27 tout assorti, lazy-bag vert, pare-battages verts, écoutes de génois vertes… Arrivés avant la bataille, on a la meilleure place de la marina, tout au fond, et comme nous sommes relativement petits aucun bateau ne vient s’amarrer à couple.

Tous les voiliers du coin sont venus se planquer en attendant le passage de la tempête ; dans le coin il va souffler jusqu’à 60 nœuds, aux Hébrides il paraît qu’il y a eu jusqu’à 80 nœuds… On est bien à terre, même si ça va secouer aussi dans le port. On se prépare, on double les amarres, on les protège avec des tuyaux de pompier là où il y a de la friction, on range les maillots de bain, la serviette et les torchons qui sèchent mollement dehors (le pluriel n’est pas nécessaire, une seule personne s’est baignée)… Il est rigolo de distinguer les navigateurs détendus, qui partent visiter ou boire un bière au pub, des précautionneux qui doublent la dose de pare-battages et vérifient tout. Il sera encore plus rigolo de constater, une fois le vent sur nous, que les premiers sont sur le quai en train de refaire leurs amarres sous la pluie battante (hi, Nick!)

Pendant ce temps là, on continue sur notre projet de la semaine : la baille à mouillage. C’est l’espace à l’avant du bateau qui permet de ranger l’ancre, sa chaîne, le cablôt, l’ancre de secours… et notre principal suspect en ce qui concerne les sources d’infiltration à l’avant.

Les précédents propriétaires ont fait des travaux dans cette baille (suite à une accointance un peu forcée avec un chalutier) et ils ont laissé un rond de résine, ainsi qu’une bande à nu en haut, et la résine, sans gelcoat, ça laisse passer l’eau… (Le gelcoat, c’est cette peinture blanche qui enduit et imperméabilise la résine)

On avait déjà mis une couche de sikaflex pour faire un pansement avant traitement définitif, on tente de remettre une couche de gelcoat dessus. Problème : le mélange durcit trop vite, on a pas fini d’enduire que la pâte est déjà sèche et inutilisable.

Lundi, on se prend le gros de la tempête sur Lerwick. On reste au bateau à subir le vent, à l’exception d’une virée approvisionnements au Tesco du coin. Notre voisin Nick fait la navette avec sa voiture de location, on évite la rando sous la flotte…

Deuxième essai : enlever le gelcoat raté et le sika – je tente de poncer à la brosse métallique, sans succès mais avec beaucoup de persévérance (2 heures ?) avant de comprendre le jour suivant qu’avec un tournevis c’est beaucoup plus facile d’enlever les pâtés de gelcoat solidifié.

En parlant avec nos voisins, on se rend compte que tout le monde a au moins un problème d’eau sur son bateau. La voisine Allemande a dû pomper 100 litres d’eau de sa cale pendant la traversée vers les Shetlands (à la main, la pompe électrique était en rade, à noter que les fuites d’eau ont atteint le stock de chaussettes sèches), le Suédois a des infiltrations par le hublot…

Le soir, on se retrouve au Boating Club de Lerwick. Par hasard, on tombe sur une cinquantaine de joueurs de violon en plein cours de musique, accompagné par quelques guitares et un accordéoniste, la salle est archi-comble très vite : nous sommes en plein milieu de la très renommée Shetland Fiddle Week. Tous les soirs, ce sera donc cours-concert, mélange de navigateurs et de musiciens dans l’ambiance très nautique du bar le moins cher des Shetlands.

Beaucoup de voiliers sont comme nous, coincés à quai en attendant de pouvoir traverser vers la Norvège. On échange nos avis sur la météo (c’est de la merde), le bon moment (mercredi, mais ça risque de changer, jeudi mais les prévisions sont pas sûres, etc.), on discute de la navigation en Norvège. Notre voisin Martjin nous prête son pilot book, on prépare l’arrivée de l’autre côté (ah tient, des hauts fonds spectaculaires vers Hustadvika) en ponçant le site https://dnl.kartverket.no/. Martjin nous apprend aussi que pas mal de services administratifs norvégiens (ceux des ports notamment) sont en congés entre le 15 juillet et le 15 août, pas étonnant qu’on n’arrive pas à joindre le port de Trondheim.

L’échelle Beaufort un peu modifiée du boat club… Il paraît qu’avant, quand la BBC faisait des bulletins météo, sur les Shetlands en dessous de force 7 ils ne le disaient même pas à la radio

Chaque jour, la fenêtre se décale un peu plus. Alors on patiente, on entoure au crayon bleu les zones à gelcoater, on les ponce, on dégraisse, Antoine pèse soigneusement le gelcoat et le durcisseur, puis c’est la course à la peinture, parce qu’en dix minutes c’est terminé, le mélange prend et impossible de l’appliquer.

Jeudi, dernier jour de beau temps, dernier jour de boulot. La veille, on a essayé de faire un joint à la résine époxy sur la zone à traiter, résine qui n’a jamais séché ; manque de durcisseur ? Humidité ambiante trop forte ? Alors il faut tout recommencer : enlever la résine à la baguette chinoise, la tête toujours à l’envers dans le coffre, poncer, dégraisser à l’alcool à 90 degrés… puis finalement appliquer le gelcoat, dernier essai.

Vendredi : le départ pour Ålesund c’est déjà demain. On visite sous la pluie le phare de Sumburgh Head, on voit les fameux courants de marée de loin, vagues et remous spectaculaires, au phare on tombe par hasard sur un observatoire rempli d’ornithophiles à jumelles, sur le mur la liste des oiseaux de la semaine… La passion volatiles n’est jamais loin (même au port, où on voit des sternes batailler tous les jours pour topper des petits poissons, et quelques guillemots noirs aux pattes oranges…)

La légende

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